Portrait de marionnettiste 1 : Sophie Ottinger.

Publié le par Philippe Sidre

De nombreux marionnettistes seront présents sur le festival GEO CONDE et dans la saison prochaine du TGP. Ils ont tous des parcours singuliers. C'est une bonne occasion de vous les faire découvrir. La première à se livrer à ce regard sensible est Sophie Ottinger qui a accepté de se faire enfermer une journée entière avec un autre marionnettiste pour nous concocter un spectacle sans filet.

Ce sera le mercredi 28 avril à 20h30 au Centre Socio-culturel Hartmann à Pompey.

L'entrée n'est que de 5 euros.

sophieo.jpgLe syndrome du Capitaine Fracasse

En stage avec Neville Tranter au TGP, Sophie Ottinger, comédienne marionnettiste,  a accepté de se prêter au jeu des questions réponses. Sophie est épatante d’énergie et de générosité. Si son énergie est mise au service de sa famille et de son art, elle déborde aussi quand il le faut. Au naturel ! Et c’est très bien.

Sophie est originaire du lunévillois, plus exactement de Vathiménil.

Après deux années d’atelier théâtre à Nancy en 1990 avec la Comédie de Lorraine (Henri Degoutin et Janine Vedrenne), Sophie poursuit des études théâtrales à l’Université de Strasbourg en poursuivant l’exploration des textes du répertoire classique et contemporain. Elle aborde la pratique du masque avec Catherine Delattres, à l’époque directrice des études théâtrales au TNS.

En 1995, avec des amis, elle monte sa première compagnie Kaptus. Cette modeste initiative mais obstinée servira de base à la structuration de son univers artistique. Sophie ne prend jamais rien comme acquis. Elle aime expérimenter avant de montrer. C’est en travaillant avec des objets qu’elle découvre les possibilités de la marionnette.

En 1999, elle fonde avec Laurent Michelin, son compagnon, la compagnie En Verre et Contre Tout. C’est le début de la professionnalisation. Son premier spectacle « Alphonse » se construit avec des marionnettes et des objets. S’enchaineront ensuite des petites formes, soit en salle (Dériverie) soit en rue. L’influence du Capitaine Fracasse ?

Loin d’être lisse, sa démarche artistique s’appuie sur des auteurs qui ont des choses à dire et la forme renforce le propos. Ainsi dans Travail Temporaire, elle dénonce le travail clandestin. Dans AMIN, Annexe du Ministère de l’Identité Nationale, spectacle pour une personne dans un photomaton elle anticipe la politique du gouvernement en dénonçant la sélection des jeunes selon leur identité. « La réalité a dépassé le jeu. ». Sa colère et son indignation perce dans ses spectacles.

Elle est aussi très attachée à l’écriture et, là encore, l’expérimentation compte beaucoup. La compagnie mène actuellement plusieurs laboratoires d’écriture et de réalisation avec l’auteur Karin Serres. Sophie confsophieottinger1.jpgirme la passion de Karin Serres pour ces exercices en aller-retour.

Elle continue à se former. Elle explique avec engouement son passage dans l’école d’Alain Recoing où elle a appris à manipuler la gaine. Si je lui demande comment ça marche, elle me répond « on fait ses gammes. C’est une bonne école pour la précision des mouvements, de l’attention. La main est en tension avec l’ensemble du corps. » Mais elle avoue vite que la gaine ne l’a jamais attirée bien qu’elle continue à s’entrainer.

Alain Lecucq (Cie Papier Théâtre) lui a transmis sa connaissance du théâtre de papier, formation dans laquelle elle s’est retrouvée puisqu’on apprend en se trompant. Et c’est avec Ismaël Safwan de la cie Flash Marionnettes de Strasbourg qu’elle découvre l’importance du texte et l’équilibre qu’il faut trouver entre la parole dramatique et l’image scénique.

Et comment es-tu venue à songer à en faire un métier ?

Elle avoue que c’est sa rencontre avec le Capitaine Fracasse, le film de Pierre Gaspard-Huit, avec Jean Marais dans le rôle titre, qui lui a donné l’envie de faire du théâtre. Dans le film, la troupe est ambulante et vit des aventures passionnées.

Aujourd’hui, la Compagnie En Verre et Contre Tout est en résidence à la scène conventionnée d’Homecourt dans le cadre des résidences régionales en Lorraine. Elle pourra ainsi prendre le temps de développer un projet plus ambitieux en lien avec les auteurs et le public.

Pour Sophie, il est important de défendre la marionnette et de la sortir de ces connotations restrictives. Elle apprécie le réseau des marionnettistes car les échanges se font plus naturellement avec beaucoup de respect.

Pour en savoir plus sur l’actualité artistique de Sophie Ottinger et de sa compagnie, regardez par le trou de la serrure http://enverreetcontretout.free.fr/

 

Retrouvez le festival à l'écran sur RTL9 et demain soir jeudi sur France 3 Lorraine.

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<br /> <br /> passionnant.<br /> <br /> <br /> et bien écrit.<br /> <br /> <br /> <br />
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